Élections et destins

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L’une des principales tâches d’un politicien est de gagner le soutien de ses électeurs et l’accent est généralement mis sur cet objectif juste avant une élection. Vous ne rencontrerez jamais un candidat politique plus courtois et plus généreux que juste avant le vote. Le processus électoral lui-même est généralement très simple : on vous demande de voter pour un candidat qui vous représentera au sein du corps législatif et, en retour, vous espérez qu’il mettra en œuvre des politiques qui profiteront à la société dans son ensemble. Ces derniers temps, nous avons observé une évolution considérable de notre politique et de nos politiciens. Dans le passé, les politiciens tentaient de gagner votre soutien en s’appuyant sur de bonnes politiques législatives, la promesse de bas impôts, une économie saine et peut-être un peu de charisme. Aujourd’hui, ils se concentrent davantage sur leur idéologie, notamment en termes de politiques environnementales, de réformes sociales et de promotion des droits de la personne. Si la poursuite de ces efforts politiques semble appropriée pour certains, elle a été poussée sous une forme beaucoup plus radicale, ce qui a créé des factions inutiles parmi les citoyens de notre pays. Les partis politiques ont redoublé d’intensité et nous assistons souvent à ce fiasco dans nos bâtiments législatifs et maintenant dans nos rues.

Le livre des Éphésiens nous présente un autre type d’élection. L’apôtre Paul révèle à ses lecteurs, non pas tant l’élection d’un corps législatif, mais une élection sous forme de bénédiction. Dans cette épître, l’électeur n’est autre que Dieu, et les élus sont son peuple. Paul exprime ses louanges à Dieu pour ce choix divin et pour les bénédictions qui sont liées à sa volonté divine.

Le Texte

En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, à la louange de la gloire de sa grâce qu’il nous a accordée en son bien-aimé. (Éphésiens 1 :4-6)

La bénédiction du choix

La première des bénédictions célestes attribuées au grand éloge est basée sur deux verbes liés, principalement choisi et prédestiné. Tout d’abord, Paul nous présente le concept biblique de l’élection, qui est sans doute l’une des doctrines les plus importantes et pourtant les plus confuses de l’Écriture. Le mot lui-même n’est pas si difficile à comprendre puisque, comme nous l’avons mentionné plus haut, nous l’utilisons dans notre vie quotidienne pour choisir un fonctionnaire à un poste gouvernemental ou un comité. Pour bien comprendre ce qu’implique le choix de Dieu, nous devons commencer par l’identifier pour ce qu’il est, principalement une bénédiction. Yahvé a béni en choisissant un peuple et en retour, cela suggère qu’il n’a pas béni les autres.  Dieu a choisi, non pas dans l’histoire, mais dans l’éternité passée, un peuple particulier qu’il bénirait, et qui serait son peuple saint, et il l’a fait en Christ. Souvenez-vous que le sujet de ce verbe choisir est Dieu, tandis que l’objet direct est nous.

Une élection corporative ?

Bien entendu, tout le monde n’est pas d’accord avec cette définition de l’élection biblique. Certains ont soutenu que l’acte d’élection de Dieu est lié à un plan de salut ou qu’il s’agit d’un concept ouvert. Nous sommes humblement en désaccord avec cette interprétation puisque le texte dit explicitement qu’il a choisi un peuple. La sélection est personnelle et peu vague. Pourtant, certains ont contesté notre interprétation en soutenant que l’acte d’élection de Dieu est corporatif.  En d’autres termes, lorsque nous croyons en Jésus-Christ pour notre salut, nous entrons dans le Christ et devenons un groupe appelé les élus parce qu’il était d’abord l’élu. On prétend que ce concept est similaire à celui d’Israël en tant qu’élu de Dieu. En outre, un Israélite était élu en raison de son association avec la nation et, de la même manière, nous sommes élus en raison de notre appartenance au Christ. Bien que nous apprécions ceux qui souscrivent à ce point de vue, nous ne pensons pas que le texte ci-dessus transmette cette idée collective. Ce qui est souvent ignoré dans cette interprétation, c’est la personne qui choisit. Ce ne sont pas les élus qui déterminent leur élection, mais celui qui les choisit. Le désir de Paul est d’indiquer clairement que Dieu élit selon selon le bon plaisir de sa volonté (verset 5). La seule volonté impliquée dans cette élection est celle de Dieu et non, Paul n’a pas omis de mentionner l’inclusion de la volonté de l’homme.

Une autre remarque souvent associée à l’argument selon lequel ce texte enseigne une élection collective plutôt qu’une élection personnelle est ce que le texte ne dit pas. On dit que Paul n’a jamais eu à cœur de parler d’une élection personnelle parce qu’il affirme que nous sommes choisis en Christ plutôt que d’être choisis pour être en Christ. Bien que nous soyons d’accord pour dire que ce n’est pas le sens principal, l’élection de Dieu est toujours centrée sur l’individu puisque la rédemption et le pardon des offenses sont personnels, et non corporatifs. Il convient également de noter en passant, surtout si nous nous concentrons sur ce que le texte ne dit pas, que Paul ne dit jamais que nous sommes élus parce que nous avons choisi d’être en Christ. Le fondement même de nos bénédictions est Jésus et la réalité que ce qu’il a acheté sur la croix était bien plus que le pardon des péchés, mais incluait également notre élection et notre prédestination. C’est vraiment par son œuvre que vous êtes en Jésus-Christ (1 Corinthiens 1:30). C’est par lui que nous sommes croyants (1 Pierre 1:20-21). Le fait même que nous soyons en Christ est dû à la volonté de Dieu et à son action.

La gloire de l’électeur

Cette élection est destinée à rendre gloire à Dieu, l’électeur. L’intention de Dieu était que nous soyons saints et irréprochables devant Lui. Son objectif est donc que nous puissions devenir ce que nous étions initialement destinés à être, comme Jésus (Romains 8 : 29-30). Quand est-ce que c’est arrivé ? Pour faire connaitre que l’élection n’était pas basée sur nous, l’apôtre décrit le calendrier de cette action comme existant en dehors du temps. L’élection a eu lieu avant la fondation du monde et donc avant la création ou notre existence personnelle. L’élection a lieu avant notre naissance et elle amène les élus à devenir saints et irréprochables, et non l’inverse. Être saint et irréprochable, c’est être mis à part et pur au sens moral en tant que peuple et capable de s’approcher du Dieu vivant (Colossiens 1 : 22). Bien que ce soit quelque chose dans lequel nous grandissons actuellement, l’état final est destiné au grand jour de Son apparition (Parousie) quand Il reviendra réclamer Son épouse et la racheter (1 Corinthiens 1 :8 ; Philippiens 1 :9-10); 1 Thessaloniciens 3:12-13). Être saint et juste, c’est être comme le Christ.

Le destin préétabli

Alors que dans certains milieux, la doctrine de l’élection peut emporter un appel à l’anathème contre vous, la plus controversée de ces bénédictions, qui est liée à l’élection, est celle de la prédestination. Le terme prédestiné (προορισας) est défini comme une décision prise préalablement. Mais je ne crois pas que ça nous donne vraiment l’essence du terme. Lorsque nous pensons à l’acte de prédestination de Dieu, nous devons penser en termes de destin établi avant la fondation du monde. Le terme est souvent utilisé exclusivement pour désigner une action divine envers les autres (Romains 8 :28-30 ; 1 Corinthiens 2 :7 ; Éphésiens 1 :11 ; Actes 4 :28). En tant que croyants, nous avons été bénis par Dieu qui a scellé notre destinée par la croix de Jésus pour devenir ses fils.

Encore une fois, on doit mentionner que tout le monde n’est pas d’accord avec notre interprétation. Certains croyants en Christ estiment que Dieu nous prédestine basé sur sa prescience, en ce sens qu’il a regardé de l’éternité passée vers le futur pour voir si nous avons placé notre foi en Christ. Dans Romains 8 : 29, il est remarqué que la prescience de la foi précède l’acte de prédestination et sert comme base du don de la bénédiction. Encore une fois, on se retrouve avec une bénédiction de Dieu qui dépend de l’acte de l’individu. Mais Paul déclare explicitement le contraire dans Éphésiens 1. L’expression « intention de sa volonté » sert comme base à la prédestination, et non à la volonté de l’homme. L’apôtre insiste sur le fait que c’est la liberté de Dieu de manifester sa bonté envers un peuple en le prédestinant à devenir des fils qui est le fondement qui détermine sa destinée. Tout cela afin qu’Il ​​puisse être loué pour Sa grâce et non comme une réponse à l’action des hommes. Même le texte de Romains 8 ne dit rien sur la foi anticipée. En fait, la prescience est aussi une action de Dieu envers les individus. Connaître signifie plus que simplement avoir la connaissance, mais avoir aimé avec intimité (Amos 3 : 2). Notre élection et notre prédestination sont l’effusion de l’amour de Dieu pour un peuple avant son existence (1 Pierre 1 : 2). Pierre pourrait aussi dire que le Christ lui-même était connu d’avance avant la fondation du monde, ce qui communique plus qu’une simple connaissance des actions, mais une intimité (1 Pierre 1 : 20). C’est pourquoi l’apôtre Paul commence ce verset par « amour ».

Les adoptés

Avant de continuer, nous ne voulons pas omettre une expression très significative de ce texte. L’acte d’élire et de prédestiner est attribué aux croyants, dans son amour. Pas dans l’amour d’un peuple envers son Dieu mais l’amour de Dieu envers les hommes. Cet amour s’est manifesté dans la prédestination des individus à l’adoption comme fils. Cela signifie que nous n’étions pas des fils naturels, mais que nous avons été introduits dans la famille de Dieu pour recevoir une position privilégiée. C’était le même avantage qu’Israël a connu en tant que fils à qui appartient l’adoption en tant que fils (Romains 9 :4 ; Galates 4 :5) mais qui appartient maintenant aux Juifs et aux Gentils (Romains 8 :15 ; 9 :26 ; 2 Corinthiens 6 :18). Recevoir cette adoption en tant que fils est quelque chose qui nous est donné dans une expérience déjà/pas encore. Avant cette adoption, nous étions des fils de colère destinés à la destruction (Éphésiens 2 : 2-3). Nous l’avons reçu en histoire et actuellement nous sommes fils de Dieu dans cette vie après être nés de nouveau. Paul souligne que vous n’avez point reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte; mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions: Abba! Père! (Romains 8 :15). Mais en même temps, quelques versets plus loin, il peut dire que soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. (Romains 8 : 23). Notre adoption est tellement assurée en Christ que nous pouvons dire que nous la possédons. Même si nous en faisons l’expérience aujourd’hui, ce n’est que lorsque nous revêtirons notre nouveau corps et que la mort sera engloutie par la vie que nous connaîtrons véritablement notre adoption (1 Corinthiens 15 :53 ; 2 Corinthiens 5 :4 ).

Les intentions de Dieu

Cette adoption n’était pas incertaine, non spécifique ou même envers un groupe inconnu, mais envers un peuple particulier que Dieu a choisi d’introduire dans Sa famille. Ce que Paul continue de souligner, c’est que cette adoption se fait par le Christ. C’est par la personne et l’œuvre du Sauveur, Celui que le Père a aimé et qui a acquis la bénédiction de cette adoption prédestinée. Comme nous l’avons mentionné plus haut, Dieu a élu et prédestiné selon l’intention de sa volonté. Dieu était le déterminant de l’effusion de Sa grâce à travers l’élection et la prédestination, et qui serait le destinataire de cette bénédiction. Ça n’a pas été fait avec un cœur râleur, mais avec plaisir ! C’était la joie de Dieu d’accorder cette adoption. Pas comme une invitation ouverte aléatoire, mais intentionnelle et avec un but précis.

Une gentillesse magnifique

En mettant davantage l’accent sur le choix de Dieu de distribuer ces bénédictions avec délice, Paul passe à un objectif plus glorieux : à la louange de la gloire de sa grâce qu’il nous a accordée en son bien-aimé. (verset 6). Il nous a bénis avant la fondation du monde afin qu’il puisse recevoir des éloges dans l’histoire. La louange qui est adressée à Dieu n’est pas celle d’une acclamation du libre arbitre d’un homme dans l’histoire en prenant la bonne décision, mais de sa faveur divinement imméritée envers l’homme. Il ne nous l’accorde pas à cause de quoi que ce soit en nous, mais il l’accorde librement, comme un acte de miséricorde et d’amour immérités. Le terme don (εχαριτωσεν) est lié au terme grâce (χαρις), démontrant qu’il est donné en cadeau. Toutes ces bénédictions sont à nouveau articulées à travers le Bien-aimé. Parce qu’Il ​​est l’objet de l’amour du Père (Colossiens 1 : 13), nous recevons l’amour de Dieu dans ces bénédictions célestes.

Appartenance

Je peux comprendre que pour certains, il s’agit d’un enseignement biblique difficile à comprendre et à accepter. Vous n’êtes pas seul ! Nous ne comprenons tout simplement pas toutes les subtilités associées à l’acte d’élection et de prédestination. Mais de toute façon, on doit être prêts à mettre de côté notre manque de détails et à recevoir ça par la foi. Recevoir cet enseignement a ses avantages. Dieu n’a pas révélé cette réalité par l’entremise de son apôtre sans but.

Il y en a beaucoup dans l’Église qui sont seuls et qui ont peut-être des doutes avec leur foi à un moment donné dans ce monde. Vous pouvez parfois vous sentir exclu dans un pays étranger et même souffrir de dépression à cause de cela. Vous pourriez même avoir l’impression que les chrétiens vous laissent tomber ! Pour ceux d’entre vous qui vive cette épreuve, il est extrêmement important que vous passiez du temps à méditer sur ces trois versets pour comprendre votre position en Christ. Vous appartenez! Vous faites partie d’un peuple séparé de ce monde avec un but précis et cette particularité est due au fait que Dieu vous a choisi, une expérience unique à laquelle tout le monde ne pourra pas prétendre. Vous êtes le bénéficiaire des riches bénédictions que Dieu vous a accordées selon ses bonnes intentions. Mais plus important encore, vous êtes le fils (la fille) adoptif de Dieu, et vous étiez dans l’esprit et dans son cœur de Dieu bien avant même que ce monde ne soit formé. En tant que chrétiens, nous devons reconnaître la beauté de notre place en Christ et nous concentrer sur ce privilège spécial que nous avons et sur l’espérance assurée qui s’en vient dans le futur !


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