Matthieu 23:34-36 est la clef de tout le contexte du Discours du Mont des Oliviers. Nous devons comprendre ce que Jésus disait exactement aux chefs religieux et au peuple pour comprendre ce qui suivra au chapitre 24.
SUR LES CHEFS RELIGIEUX LA FAUTE DOIT S’APPLIQUER (Matthieu 23:34-36)
Après le 7e malheur, le Seigneur passe de leur association passée avec la mort des prophètes à leur participation présente/future. Jésus déclare qu’il leur envoie des prophètes et des sages qu’ils tueront, crucifieront et flagelleront. Le terme « envoyer » est employé au présent, tandis que tuer, crucifier, flageller et persécuter sont des actions au futur. Les prophètes, les sages et les scribes seraient envoyés « à vous », c’est-à-dire à ces chefs religieux spécifiques. Le langage de la persécution des messagers ressemble aux paroles du Seigneur aux disciples en 10:17-23 et à ce qui leur arriverait. Il est possible qu’il s’agisse d’Étienne (Actes 7:58-59) et de Jacques (Actes 12:1-2). La culpabilité du sang versé dans la mort des prophètes, que ce soit dans le passé, le présent ou dans un avenir pas trop lointain, retomberait sur « vous »[1]. La responsabilité de ces meurtres et de ceux à venir incombera à ceux qui vivent dans « cette génération ».
Le sang d’Abel (Genèse 4:8) et celui de Zacharie[2] étaient tous deux des meurtres qui nécessitaient une rétribution. La justice pour la mort des messagers de Dieu retombera sur ceux qui se tiendront dans le temple avec le Christ ce jour-là et sur la ville de Jérusalem (23:37). L’expression « cette génération » est constamment utilisée dans l’évangile de Matthieu pour désigner ceux qui vivaient au premier siècle. Il déclare même aux membres du Sanhédrin lors de son procès qu’ils seront témoins de son avènement (Matthieu 26:46). Leurs représailles seront confirmées dans les versets suivants par la destruction de Jérusalem par les armées romaines en l’an 70.
LA LAMENTATION POUR JÉRUSALEM ET LA MAISON DESOLÉE (Matthieu 23:37-39)
Dans ses précédentes paroles de condamnation, le Seigneur s’est concentré principalement sur les chefs religieux, mais il élargit maintenant son audience au terme plus large de « cette génération ». Il déplace son attention en s’adressant à Jérusalem, y compris le temple. Il identifie la ville de la même manière que les chefs religieux, à savoir ceux qui tuent et lapident les prophètes. Jésus est venu comme leur Messie et, alors qu’il appelle les foules à l’accepter comme une poule rassemble ses poussins[3], l’intervention des chefs religieux entraînera le rejet du Messie et le jugement de leur ville et de leur temple.
Au verset 38, le Seigneur Jésus déclare explicitement que le jugement tombera sur votre maison. Notez le changement par rapport à l’expression précédente Ma maison (Matthieu 21:13). Comme le souligne Kenneth Gentry : En outre, cela semble intentionnellement destiné à refléter la déclaration de Dieu à Jérémie : « Je délaisse ma maison, j’abandonne mon héritage, je livre la bien-aimée de mon âme aux mains de ses ennemis ». (Jérémie 12:7)[4]. Il s’agit incontestablement d’une référence au temple, mais elle pourrait certainement s’étendre au peuple ainsi qu’à la ville. N.T. France observe que :
Dans ce cas, il y a une triste ironie dans le fait que ce qui a été décrit en 21:13 comme la maison de Dieu n’est pas « votre maison », et qu’elle a été laissée « à vous » parce que Dieu l’a abandonnée, comme Jésus lui-même est sur le point de le faire en 24:1[5].
Cette maison sera laissée à l’abandon par le jugement qui viendra quelques années plus tard. Lorsque le Seigneur Jésus est entré dans la ville, ceux qui le suivaient ont déposé leurs manteaux et leurs rameaux devant lui en proclamant : « Hosanna au Fils de David, Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ». Ce sont ces mêmes personnes qui choisiront Barabbas à sa place et demanderont sa crucifixion.
L’expression « Je vous le dis, désormais vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vous disiez : “Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur” » est un défi. Certains ont soutenu que cette déclaration prédit la restauration de la ville et de ses habitants et qu’ils seront finalement restaurés le jour où ils le verront lors de sa seconde venue. Cependant, cette phrase n’est pas de nature prédictive, mais semble indiquer une condition indéfinie. Une fois de plus, N.T. France note :
Il n’y a pas de prédiction ici, seulement une condition. Ou plutôt, la seule prédiction est une négation catégorique, « à partir de maintenant, vous ne me verrez certainement plus », à laquelle la clause suivante « jusqu’à » fournit la seule exception possible. Ils ne le reverront plus jusqu’à ce qu’ils l’accueillent, mais la formulation indéfinie de la deuxième clause ne donne aucune assurance qu’un tel accueil se produira un jour.[6]
Nous devons nous rappeler qu’il s’agit des dernières paroles que Jésus adresse aux chefs religieux et à la foule. La prochaine fois que Jésus sera à Jérusalem, ce sera pour son procès et sa flagellation avant d’être conduit à sa mort au Golgotha.
Dans notre prochaine partie, nous aborderons le contenu du discours du Mont des Oliviers en gardant à l’esprit tout ce que nous avons examiné concernant les paroles de condamnation du Seigneur Jésus à leur égard.
[1] L’idée d’un jugement qui vient sur nous (qui prend ses responsabilités) est similaire à 2 Samuel 1:16 ; Jonas 1:14.
[2] Le problème avec Zacharie est qu’il est appelé le fils de Béréchia alors que l’individu le plus approprié dans cette référence serait Zacharie dans 2 Chroniques 24, qui a été assassiné et qui est le fils de Jehoiada. Il fut le dernier martyr mentionné dans les textes massorétiques. Les commentateurs ne sont pas d’accord sur l’identité de Zacharie. Le fils de Bérékia était Zacharie le prophète (Zacharie 1:1), mais on ne nous dit pas comment il est mort, mais il pourrait être identifié comme le dernier des prophètes à avoir été tué.
[3] La France se réfère à l’imagerie de l’Ancien Testament (Psaume 17:8 ; 91:4 ; Isaïe 31:5).
[4] The Olivet Discourse Made Easy, Kenneth L. Gentry, Victorious Hope Publishing, 2010, Page 35
[5] France P. 884
[6] France P. 885
