Dans nos deux segments précédents, nous avons exploré les bénédictions accordées à toutes les nations par un Roi messianique désigné par Yahweh lui-même. Bien qu’il existe de nombreux passages dans la Bible qui aident à déterminer l’état des nations par rapport à la venue du Roi de la ligne de David, aucune autre référence scripturaire n’est aussi significative que le Psaume 110. Le Psaume de David résonne dans tout le Nouveau Testament comme un vaste témoignage du règne du Roi Jésus, de son œuvre d’intercession et même des conditions dans le monde juste avant la fin de l’histoire. Les nombreuses citations de ce Psaume, directes ou par allusion, démontrent son importance pour la foi de l’Église primitive. Il est devenu central dans le ministère du Seigneur lui-même et de ses apôtres pour communiquer la messianité de Jésus de Nazareth. L’importance de ce psaume n’est malheureusement plus aussi ressentie aujourd’hui, ce qui explique peut-être le manque d’enthousiasme pour la mission de l’Église et l’authenticité de l’étude des questions eschatologiques. Avant d’explorer les références néotestamentaires, commençons par un aperçu des sources originales du Psaume 110, agrémentées de quelques accomplissements dans le nouveau testament.
Parole de l’Éternel à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, Jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied. L’Éternel étendra de Sion le sceptre de ta puissance: Domine au milieu de tes ennemis! Ton peuple est plein d’ardeur, quand tu rassembles ton armée; Avec des ornements sacrés, du sein de l’aurore Ta jeunesse vient à toi comme une rosée. L’Éternel l’a juré, et il ne s’en repentira point: Tu es sacrificateur pour toujours, A la manière de Melchisédek.Le Seigneur, à ta droite, Brise des rois au jour de sa colère. Il exerce la justice parmi les nations: tout est plein de cadavres; Il brise des têtes sur toute l’étendue du pays. Il boit au torrent pendant la marche: C’est pourquoi il relève la tête. (Psaume 110)
Le sens promissoire du Psaume 110
Dans son commentaire des Psaumes, Derek Kidner divise ce Cantique en trois titres décrivant l’élu de Yahvé à venir : Le Roi (v. 1-3), Le Prêtre (v. 4) et Le Guerrier (v. 5-7). Si l’on peut diviser ce psaume en ces compartiments précis, on est forcé est de constater l’incroyable clarté de ces sept versets. Ils ne décrivent pas des attributs distincts du Roi divin, mais David semble les entremêler pour décrire le Prêtre-Roi conquérant de Yahvé. Autrement dit, la Royauté est intimement liée au ministère comme prêtre. La composition du Psaume est attribuée au roi David (Matthieu 22:42-43) et, comme nous le verrons plus loin, il a été donné par David agissant en tant que prophète (Actes 2:30) par une parole divine annonçant la venue du Messie. L’accent principal est mis sur le couronnement du roi de Dieu, qui se verrait conférer la souveraineté sur toute la terre. Cette domination accordée au roi de Dieu était décrite comme plus grande que celle accordée à David. David, l’auteur du Psaume, attribuait personnellement la souveraineté à ce futur monarque.
Le Roi de Yahweh
Le Psaume commence par les oracles divins adressés à ce Roi à venir. Yahweh le place personnellement au rang de Souverain royal suprême. Ce décret divin établit son règne et est suivi d’une promesse de bénir le Roi en le faisant asseoir sur son trône pour régner, et de faire de ses ennemis son marchepied (v. 1). C’est Dieu (pronom « je ») qui accomplira cette tâche par l’intermédiaire du Messie et de son peuple. Une particularité attribuée à ce roi est qu’il ne serait pas assis sur un trône terrestre, mais qu’il régnerait assis sur un trône céleste. Il est assis à la droite, la place d’honneur et de pouvoir sur le plus haut des trônes. S’asseoir ne souligne pas tant une posture qu’il explique sa position. La main droite est généralement associée au pouvoir et à la destruction des ennemis (Exode 15:6). C’était le lieu de tribut où l’on s’asseyait après avoir remporté la victoire et gagné la faveur d’un grand roi (1 Rois 2:19 ; Psaume 44:3 ; Psaume 89:13). Faire d’un ennemi son marchepied, c’était comme le soumettre à un autre roi. Tous les ennemis de ce roi seraient soumis alors qu’il siégerait à sa droite, attendant cet accomplissement. Le terme « jusqu’à » désigne une période qui laisse au moins entrevoir la fin de cette période.
Son Sceptre et le Règne du Roi
David illustre ce règne de la main droite en déclarant que Yahweh étendra son sceptre (ou sa verge) puissant. À ce moment, Dieu s’adresse directement au Messie. Le sceptre appartient à Yahweh et est un symbole de domination. Ce sceptre sera étendu, ou détaché (tendu) de Sion, la montagne sainte de l’Éternel. Sion symbolise le lieu céleste où réside le trône de Yahweh (Hébreux 12:22). Yahweh s’adresse au Seigneur de David en proclamant qu’il doit « régner parmi tes ennemis ». Ces ennemis contrastent avec les volontaires qu’on verra au v.3. Ces adversaires seront dominés avec autorité et fermeté. Il vaincra ses ennemis par une domination forcée qui mènera à une conquête incontestée.
Les Volontaires et le Règne du Roi
Le V.3 décrit une campagne militaire menée par des volontaires qui s’unissent derrière leur roi. Le premier vers nous rappelle le chant de Débora et Barak : « Les chefs d’Israël ont conduit, le peuple s’est porté volontaire, bénissez l’Éternel ! » (Juges 5:2). Le premier geste après l’ascension de Jésus fut de répandre le Saint-Esprit pour susciter la bonne volonté. Les sujets de ce roi s’offriront librement pour le servir au combat. Le langage rappelle certains textes du Nouveau Testament qui exhortent les croyants à combattre le bon combat (1 Timothée 1:18 ; 6:12) et à revêtir l’armure complète de Dieu (Éphésiens 6:13-17) dans une guerre spirituelle, ceux qui n’ont pas aimé leur vie jusqu’à la mort (Apocalypse 12:11). Ils obéiront à l’ordre de marcher au nom de leur Roi qui a toute autorité au ciel et sur la terre pour baptiser et faire des disciples des nations (Matthieu 28:18-20). Ils se porteront volontaires dans la splendeur de la sainteté, comme prêtres représentant le roi dès le commencement, le début de cette guerre. L’expression finale, « Votre jeunesse est pour vous comme la rosée », signifie que ces volontaires glorifient également le roi, car ils continuent d’être rafraîchis par leur roi comme la jeunesse ou la rosée du matin.
Le Roi-Prêtre
Ce roi, qui siégera à la droite du Père, servira comme prêtre. Pas un prêtre corrompu comme ceux des sacerdoces d’Aaron ou de Lévitique, mais un prêtre royal selon l’ordre de Melchisédek. Dieu fera un vœu à ce roi et les promesses que ce vœu implique seront irréversibles. La nature éternelle de ce vœu apportera une assurance à ceux pour qui il intercède. Bien sûr, le ministère qu’il représentera sera celui d’un roi-prêtre selon l’ordre de Melchisédek, roi de Salem. Nous en découvrirons davantage à travers certains passages choisis dans Hébreux. Notez cependant que le v. 4 se situe au milieu de deux sections destinées à décrire le règne et le combat du Roi. Le ministère est inclus car il fait tout autant partie de son règne. Ce qui est le plus fascinant dans l’ordre de Melchisédek, c’est que Jésus-Christ, accomplissement de ce ministère, unifierait de manière très concrète trois offices (prophète, prêtre et roi) autrefois considérés comme impossibles à réunir. Le prêtre-roi reviendrait pour bâtir le temple du Seigneur (Zacharie 6:12-13), ce qui fut achevé par la construction du plus grand temple de tous, son corps (Jean 2:20-22) et l’Église (1 Corinthiens 3:16-17 ; 2 Corinthiens 6:16-18).
Rois brisés
Nous entrons maintenant dans un langage destiné à évoquer une bataille et le triomphe du roi. Yahvé et son Roi se lancent ensemble dans une conquête du monde, vraisemblablement avec les volontaires du v. 3. Le but de cette conquête est de faire de ses ennemis son marchepied, y compris les rois. C’est un résultat semblable à celui qu’on voit dans le Psaume 2:2 : Les rois de la terre se dressent, et les princes s’unissent contre le Seigneur et contre son oint. Ce deuxième psaume est appliqué à Hérode et à Ponce Pilate qui se sont ligués contre votre saint serviteur (Actes 4:26-27), ce qui a entraîné la mort d’Hérode d’une mort atroce (Actes 12:1-2, 23). Mais nous voyons aussi dans ce texte un message semblable à celui de Daniel 2:34-35 où Dieu dit : « Vous avez continué à regarder jusqu’à ce qu’une pierre se soit détachée sans le secours d’aucune main, et qu’elle ait frappé la statue à ses pieds de fer et d’argile, et les ait broyés. Alors, le fer, l’argile, le bronze, l’argent et l’or furent broyés en même temps, et devinrent comme la balle qui s’échappe d’une aire en été; et le vent les emporta, si bien qu’on n’en trouva plus aucune trace. Mais la roche qui avait frappé la statue est devenue une grande montagne et a rempli toute la terre. On a l’impression qu’il y a une prise de contrôle sur d’autres royaumes et qu’ils cesseront d’exister. Cela se produira le jour de Sa colère, le jour où le monde entier subira le feu terrifiant de Son jugement (Sophonie 1:15,18).
Jugement des Nations
Si le règne du Messie voyait finalement des nations se convertir, il y aurait aussi des nations jugées. Si l’on considère le premier siècle, au début du règne de Jésus, les ennemis du Christ, tant les Juifs que les Romains, furent finalement vaincus et détruits. Dans les deux cas, Jérusalem et Rome ont été littéralement jonchées de cadavres.
Boire et Soulever
Le roi-prêtre de Yahweh ne sera pas comme ceux qui ont soif dans le désert ou qui sont épuisés par sa conquête, mais il boira au torrent les eaux du soulagement. Il ne baissera pas la tête de honte, mais la relèvera dans la victoire. Il ne se tannera pas jusqu’à ce qu’il ait accompli sa conquête, et ses efforts continueront d’être renouvelés au fil du temps jusqu’au jour où il aura remporté une victoire totale.
Dans notre prochain segment, nous commencerons à explorer comment ce puissant psaume s’est accompli dans le Nouveau Testament et ce que nous pouvons en attendre en tant que croyants.
The Moncton Herald 